jeudi 1 avril 2010

Requiem pour une nuit


Quand la brume efface le moindre repère, cache, masque la laideur à peine voilée de ces actes sans importance défigurés et martelés le long de la journée, il est temps de prendre la route, s'engouffrer sur ces avenues désertes où , tels des dizaines de soleils blafards, les réverbères redessinent l'échelle de la voûte étoilée, enfin accessible pour une seule nuit.

Pavés humides et trottoirs piégeur semblent comme par enchantement ne plus exister sous cette fine couche de neige poudreuse et immaculé, que seuls mes pas défigurent, lacèrent et brisent cette forme d'immobilisme ambiant.
Pas à pas le gouffre brumeux aspire mon corps, m'enveloppe dans son manteau humide et indéfini où la vue n'a plus le moindre recul, ne trouvant plus aucune aspérité où s'accrocher, ni tes bras amants, ni tes lèvres assassines et tant désirées.

Monde nocturne étouffant de silence, sans la moindre trace de doléance, univers mouvant quand la brise vient défaire ces petits tas neigeux ici ou là, projetant des millions de particules glacées sur mon visage éprouvé.

Aveugle au pas chancelant, je continue à traverser la nuit, l'esprit aux aguets de la moindre ombre, du moindre relief étrange, qui pareil à des fantômes viennent à apparaître lentement, quand dans le voisinage un lampadaire vient à déchirer l'atmosphère de coton.


Terreur nocturne qui me ramène à d'autres temps, d'autres lieux, d'autres nuits, où le temps semble avoir suspendu sa marche en avant, me laissant seul maître du sablier, ne m'offrant que quelques heures pour choisir mon destin, pour redéfinir les contours de ma vie, entre doute persécuteur et certitudes bourreaux, je baisse mes yeux vers ce sol invisible et que seul mes pieds devinent le temps d'un appuis, d'un faux pas.

Rien ne changera pour moi ce soir, il n'est pas encore venu le temps du choix, le moment de briser cette instabilité intime et troublante, juste quelques heures à égrainer en attendant ton retour.


Sortir ces nuit d'hiver, quand il ni a rien à trouver dehors, rien à espérer de ce voyage, juste marcher pour éloigner un instant, une éternité les heures sombres à la solitude rôdant sur les draps de mon lit, juste pour lui laisser le temps de s'installer silencieusement en mon absence, préparant l'éternel rituel qu'imposent ces fantômes du passé et ceux des jours à venir.


S'acharner sur soi, se briser un peu plus, s'abîmer sur les murs de la vie, pour raviver ces braises à l'âme, brûlure intense au sempiternel chant plaintif, justifiant à elles seules la présence et la nécessité de l'aube à venir, qui ne sera pas la dernière de cette existence en sursis, pas la première d'une renaissance espérée, car dans ce monde de glace aux fêlures à peine perceptibles il ni a rien d'autre que ce garçon déambulant sous les lumières électrique aux lueurs incertaines et assoupies, qui un trop court instant t'enlacera quand l'aube reviendra.


Être ici ou ailleurs, sous cette lampe ou une autre, quand il ni a rien à faire, rien à dire, juste s'acquitter d'un dernier interrogatoire sans réponses, traîner son corps engourdit vers un horizon absent, dans la morne avenue solitude que les murs indéfinis de la cité endormie semblent vouloir retenir, contenir, plaquer au sol, projeter vers mon visage soucieux, pour qu'au matin levant chaque chose soit à sa place.


C'est beau une ville la nuit quand mon âme s'éteint sous le poid de ce corps sans importance, quand mon cœur doléance s'en va vers les bras de cette lourde solitude au regard brumeux, quand mes bras ne brasse que du vide dans un dernier tourbillon, à peine troublé par un rire ou une larme glacée figeant, remodelant, défigurant mon visage inanimé, qui n'est rien sans son reflet dans ton regard amant.

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