vendredi 23 avril 2010

Nuit d'octobre





Drapée de sa robe pourpre passion mon âme s'enflamme de déraison, frôlant à chaque battement l'éloge de sa funeste oraison.
D'un regard, d'un parfum, elle en est l'esclave soumise et concupiscente, se sustentant de chaque émotion diffuse ou violemment émise, se voilant la face d'un masque d'impudeur au sourire trompeur.


Attisant ce feu de bois aérien et tournoyant où se mêle à la danse le Dieu Pan et ses muses insatiables, célébrant l'océan d'Atlantique aux écumes indécises et aux vagues attirantes d'où s'élève le plus pur des espoirs, le plus charnel des désir pour s'échouer sur ces nuits d'impostures.

Pourtant entre deux inspirations, s'aventure l'ombre d'un soupir, trace imperceptible et éphémère d'une attente trop insupportable que seule la nuit d'octobre au regards de ses lueurs blêmes semble comprendre.


Souffle de retenue au goût d'amertume, de regrets flagellant et de trahisons intimes où toute vérité appartient a la seconde agonisante, dont le souvenir enlace déjà les ténébreuses méandres de l'esprit.
Se fondre dans la voluptueuse décadence, au milieu de ces halètements et de ces murmures pour que le silence se fasse, même si la brûlure, ravivée par ces sels impurs se fera douloureuse quand les chairs se sépareront et que seules ces nuques s'offriront pour ultime adieu.

S'en aller enfin quand la pluie arrive, portée par ces nuages, fiers et indomptables dans le vent automnal, quand octobre s'en vient frapper aux fenêtres froides et endolories, s'étendant jusque sur la cime de ses arbres redéfinissant pour un temps, les palettes bariolées du tableau florissant et rougeoyant.

Rester là sous les larmes de pluie, le visage tourné vers ces cieux étoilés, dont parfois l'éclat transperce la voûte de coton nuageuse et défilant, offrant à dame Lune un court instant de réconfort, quand mes yeux embués et troublés par tant de fatigue, croisent enfin ses rayons insomniaques et amis.


Quand Morphée s'en viendra tambouriner à ma porte, mes paupières seront déjà closes, les yeux rivés vers l'oubli, vers l'horizon d'amertume et de chagrin où chaque amie aura rejoint son tombeau amant.
Enfiler ces perles de regrets pour que le précieux collier à l'éclat sombre et vénéneux, puisse serrer mon cou par une caresse brutale et excitante, dernier regard vers le vide où dansent déjà ces amitiés perdues.

Quand s'en reviendra la nuit d'octobre, dans les bras amants du vent automnal, mon corps s'abandonnera une dernière fois et dans une douce étreinte funeste mon âme chuchotera une dernière fois ces noms interdits de mon passé tourmenté, puis dans la froide solitude, s'en ira rejoindre la folle cavalcade des nuages, blottit au sein de la tempête, se fondant en chaque goutte de pluie, en chaque gémissement du vent nocturne.

Quand la nuit d'octobre sera là, une dernière fois j'oublierais le goût de ces insoutenables regrets, l'amertume de ces cruelles déceptions, pour partir le cœur léger, l'âme en paix....

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