dimanche 29 novembre 2009

Sur tes lèvres (Vampire in Love)



Dans ce monde de brouillard artificiel et de sons étouffés, parmi ces corps se mouvant avec la grâce un peu absurde de la nostalgie, j'ai croisé ton regard, une fraction de seconde volée à ma destinée, rayon hypnotique et dangereux, invisible mais palpable du bout des sens. Je suis resté là, attendant que la douce mélodie de cette impression me quitte ou me submerge, cette sensation de "déjà vu", tellement connue mais dont la rareté justifie tous les sacrifices.

Elle arrive la vague, je sens déjà son avancée chaude et effrayante, qui s'étend dans tout mon corps, se détournant pudiquement de mon cœur, cherchant l'affluent menant à mon âme perdue, les yeux rivés sur tes cheveux noirs qui ondulent, suivant les lents mouvement de ton corps, marionnette entre les doigts d'Aphrodite, comme désarticulée par ce rythme lancinant, tableau parfait de la sensualité où ton cou pâle émerge, offert au premier baiser, dont le goût empli déjà mon esprit.

Rien, je ne suis plus rien, juste une émotion, un regard en fusion, pur désir en ébullition, s'aventurant au milieu de cette foule anodine et sans saveur, je ne peut plus m'arrêter, je suis déjà hors contrôle, embarcation éphémère perdue au milieu de cet océan déchaîné où tout semble indiquer que la tempête sera fatale, frêle esquif s'élançant au milieu de cette mer de sentiments déraisonnables, mais la raison et le cœur ont déjà abandonnés le navire, je viens m'échouer sur tes rivages ensorceleurs, sirène dont le regard a fissuré mon ultime rempart de timidité.

Juste là, prêt de toi, où tes yeux viennent se river dans les miens, où je sens l'air que ton corps déplace, douce brise enivrante, paroles silencieuses échangées et qui me laissent sans réponse, juste conserver la magie de cet instant, unique, inespéré, précieux, ne rien troubler, retenir sa respiration, juste une seconde, puis ne plus penser, rester hors contrôle, sentir ton corps volcan frôler le mien, laves de tourmentes qui ne me laisseront aucun répits. Entrer dans la danse, sans se précipiter, prolonger cette attente douloureuse mais nécessaire, préserver encore un instant ce champ électrique séparant nos deux corps, encore un instant, encore une éternité.


Tu es mon unique horizon, emplissant mon champs de vision jusqu'à l'infini, ton regard intense augmente mes pulsations, ton visage si proche du mien m'envoûte, folie dévastatrice qui explose mes dernières poches de résistance, terrible certitude délicieuse comme un doux poison, juste rester dans la danse, comme un non sens tant le danger est imminent. Ta main frôle la mienne comme une invitation au dernier supplice, du bout des doigts enfin je découvre ton univers, violente douceur qui enfin m'entraîne vers toi, juste m'aveugler pour effacer le chemin du retour, juste me recueillir sur la pâleur indécente de ton cou, mes doigts enserrant les tiens jusqu'à faire rougir les articulation.

Doucement, comme retenant une vague de sensations tumultueuses et affamées, je laisse ta joue venir se poser contre la mienne, apercevant tes yeux déjà mi-clos, puis lentement partager cette première caresse où ton souffle vient s'échouer dans mon oreille, où le mien, haletant, s'empresse de trouver refuge en toi, laissant ma bouche affamée frôler ton lobe, merveilleux appendice aux douceurs fruitées. Mes lèvres s'aventurent avec une précaution inouïe vers ton cou, dont le parfum décuple mon désir, premier contact sur ta peau voluptueuse, où enfin je te découvre, prison céleste aux jardins miroitant de merveilleuse sensations, dont seuls les barreaux de l'hésitation peuvent encore me tenir éloigné.


Le désir s'amplifie, sourd tambour aux battements incessants qui explosent dans ma tête, résonnant le long de mes veines sinueuses, prémices de l'imminence de l'impact, ta main caressant ma nuque avec une telle douceur où les ongles de tes doigts me font frissonner, j'entreprends avec un calme d'apparence ma remontée vers cet objet de tous mes désirs, rebroussant chemin du bout de ma langue incandescente, redécouvrant ton cou conquis, poursuivant sur ta joue amicale, ressentant la pression de tes doigts dans mes cheveux, mais rien ne saura me détourner mon attention, à présent que ce fabuleux trésor est si proche, ta bouche déjà s'entrouvre, promesse d'un nectar vénéneux, cruel et douloureux, mais pourtant vital pour moi à cet instant.

Quand enfin ma quête vient à s'achever, entre précipitation contenue et calme furieux, avec mes lèvres je découvre la topographie, complexe, délicieuse et si parfaite de ta bouche. Frôlant délicatement ce petit pli au confins de ces deux chairs, survolant très lentement, au risque d'échouer si près de la délivrance, ta lèvre inférieure, prolongeant cette douleur intenable jusqu'à délicatement goûter ta lèvre supérieure, quand enfin nos deux bouches affamées par tant de précautions, assoiffées par tant de désir retenu, viennent à se rencontrer, se compléter, cratères en fusions dont l'avidité effrénée jamais ne pourra être entièrement satisfaite, contact électrique de nos langues, propulsant nos deux esprits vers un monde de délice et de douleurs mêlées, esclaves consentants de cette passion nous dévorant déjà, telle des braises incandescentes enflammant la moindre parcelle, la moindre pore, le plus infime interstice de nos deux corps.