dimanche 11 avril 2010

Icare s'est envolé


Juste me concentrer sur la seconde qui est là, la prochaine pourrait m'être fatale, se dire qu'en fermant les yeux l'instant pourrait durer, tout en sachant que derrière mes paupière se joue déjà mon destin.
Ne plus s'émouvoir de la perte, ne plus redouter le sursis, simplement accepter les règles et se dire que l'important n'est pas la victoire, oublier que tout au bout il ni a rien sans jamais oublier que l'important est ailleurs.

Cueillir chaque rosée amante, récolter chaque baiser, chaque regard et admirer ces sourires au soleil levant, refermer ses yeux et se laisser porter par ces souvenirs présents aux sombres parfums de regrets futurs.


Tourner les yeux vers les cieux chargés, attendre la pluie pour y mêler ses sanglots, quand les autres seront loin, assoupis dans leurs vies, enfin laisser éclater le tumulte de chagrin pour que tout soit effacé, complétement oublié.

Ne pas s'acharner à rattraper ces songes aux aurores de bonheur, dissimulant de terribles déceptions aux couleurs délavées, étalées, projetées sur les murs de solitude de mon existence.

S'enfuir avant qu'il ne soit trop tard, avant que le goût de la passion ne devienne trop âpre, que les battements de la nuit se soient trop éloignés, partir en se déchirant un peu plus le cœur.


Accepter une fois encore, comme une dernière danse, d'enlacer l'autre, de murmurer ces doux mots, aux mélodies charnelles et au glaive acéré dont la pointe déjà entaille l'âme affamée jusqu'au supplice.

Prendre le chemin étoilé menant aux lèvres assassines, s'emmitoufler dans ces précieux instants où l'univers se conjugue à deux, au présent et au conditionnel mais jamais au futur même imparfait.

S'exclure de la marche inexorable du temps, juste pour une seconde, éternelle et folle, qui dans la stèle au marbre lourd et froid, jamais ne refleurira, lentement s'effritera et par les larmes agonisera.


Ne plus chercher à se protéger du vertige des sens, dont l'intensité accélérera la chute, implacable envol vers le sol aride des souffrances à venir, mais offrira une ultime pulsation de vie dans mes veines.

Vivre comme si l'aube était un bourreau, comme si chaque jour naissant récitait déjà mon oraison funèbre, se sentir vivant dans la douleur et les larmes que trop vite mort dans la plénitude et l'assurance.

Être Icare pour goûter aux baisers et aux caresses, sentir le souffle chaud de l'astre se rapprocher chaque seconde passé loin du regard reflet, juste pour s'habituer à la brûlure et au goût des cendres amantes.

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