dimanche 12 avril 2009

Qu'il est dur d'en finir...


Les effluves d'alcool s'empressent de déstabiliser mon esprit, trimbalant mon corps comme un esquif sur un océan démonté, le menant vers ces récifs aux rires méconnaissables mais au son de l'ironie et de la suffisance.
Dans mes veines l'orage gronde, le tonnerre résonne déjà dans ma tête alors que la nuit vient à peine de naître, alors que ma vie se secoue, se tempête, s'agite dans cette toile où je ne suis qu'un captif aux yeux d'éclair.
Tourment monotones aux goûts disparates et aux parfums maudits, emplies de cette haine qui me noie, m'éblouit et me perd loin de ces sentiers d'automne où mes désirs hier encore semblaient s'aventurer jusqu'à la forêt de Brocéliande.
Marchant, titubant vers cet ailleurs fort lointain, l'âme au bord des lèvres, le cœur aux sanglots inépuisables, je n'avais que cette douleur et cet immonde silence pour appeler, pour montrer que j'existais, rien qu'une fois.
A mes côtés le vide que rien ne semblait pouvoir combler, m'attirait, me charmait, de moi s'enjouait sachant pertinemment que l'équilibre ne serait plus conservé qu'un court instant, précipitant ma chute, enflammant mes ailes de papiers.
Avancer sans regarder vers l'horizon, juste admirer chaque pas obtenu par la volonté et quelques réflexes opportuns, s'évanouir sans perdre connaissance, juste pour que l'ivresse soit plus grande et la pesanteur plus douce.
Enfin rencontrer la rudesse d'un trottoir au hasard d'une chute, rester là, allonger le corps sur le bitume froissé et les yeux clos au risque de se perdre dans cette géographie horizontale, aux repères flous et étranges dont l'horizon est étoilé à perte de vue.
Fouiller frénétiquement dans ses poches pour en retirer ce bout de papier griffonné quand l'ivresse était câline et que la nuit semblait prometteuse, et que pour cette fois les démons étaient endormis. Et lire malgré tout, lire à tue-tête.

"Les mots sont comme des larmes amères qui coulent le long d'un regard éperdument amoureux de la vie , mais d'une autre vie, celle des rêveurs et des poètes où chaque mots ont leur propre battement, chaque regard leurs propre douleur mais la même sensation que la vie est ailleurs, juste ici mais sur d'autres rivages fantomatiques effacées à jamais des cartes de leur mémoire.
Je ne viendrais troubler aucun rêve car je vis dans le souffle nocturne des nuits solitaires qui gonfle les voiles de ces navires échoués quelque part juste après la ligne d'horizon, que l'aube dissimule aux regards des autres et qui m'emporte à tout jamais loin de moi, de ces songes imbibés d'alcool et de passion, quand la pluie vient à balayer mes dernières envies..."

Attendre ensuite, attendre encore, juste que l'impact des mots, que la violence de la pensée m'abandonne, desserre son étreinte pour que le trouble ne me plaque plus sur cette asphalte froide et puante où je ne suis plus qu'une masse sans ombre...