samedi 26 décembre 2009

Un coeur en hiver


Bercé par une douce mélodie, telle une douce plainte murmurée à mon âme, je pose mes pas sur le sol humide et froid, sans me presser, je m'égare dans cet ailleurs, no man's land démesuré où je ne suis qu'une infime particule au regard de ma tendre Lune.

Blottit dans mon manteau de laine, les yeux tournés vers les cieux, chargés de nuages semblant annoncer la neige, je reste là immobile, silencieux, le regard perdu une fois encore, juste au-dessus de l'horizon pour contempler le néant.

Intime sensation que c'est déjà la fin, le dernier acte , le dernière bataille menant à l'inévitable défaite dans cette guerre amante et blasphématoire où aucune divinité ne semble avoir d'emprise sur mes désirs et mes interrogations.

En moi le calme est revenu, les braises se sont doucement éteintes faisant place au vent hivernal, glacial qui s'engouffre silencieusement sous mon manteau, dans mes veines, s'en allant durcir le marbre des stèles de mon cœur cimetière.

Il ni avait rien finalement au bout de ce chemin, tout au bout de la grande boucle, là où la grande aiguille laisse une dernière fois la petite là rejoindre, abandonnant là toute espérance, toute doléance voir toutes les dernières chances.

Apaisement suffoquant, n'amenant que ce terrible constat, cette ultime et seule certitude que tout est déjà fini, intime glorification de l'inutile, dernier sacrifice sur l'autel des regrets pour que la malédiction s'accomplisse enfin.

Rester là, le sourire aux lèvres et les larmes troublant le paysage assoupi, à regarder les flocons de neiges s'aventurer aveuglément à travers l'étendue désertique, recouvrant les dernières traces de vie, les ultimes impuretés.

Écouter le vent d'hiver s'engouffrer dans la forêt des souvenirs et tendre l'oreille pour ramener vers soi le bruissement de ces feuilles amicales, chant funèbre et mélancolique dont l'appel irrésistible referme mes paupières.

Tendre les bras comme pour saisir une compagne invisible et tourner, tourner, pour ressentir une dernière fois l'ivresse de ces nuits assassines qui au matin de rosée n'ont plus aucune valeur, mais qui furent de sensuelles compagnes quand la solitude et la folie noircissaient les pages de mon journal de bord, quand j'embarquais vers ces flamboyants horizons aux saveurs sucrées et au goût de cannelle.

Se retourner pour voir les traces de mes pas incertains s'évanouir sous la couverture immaculée et poudreuse, juste pour ne plus retrouver mon chemin, Petit Poucet aux doigts frigorifiés dont le grognement de l'ogre semble déjà se rapprocher, sauveur des âmes égarées dans ces bois d'infortune.

Remonter son col abîmé, souffler dans ses mains engourdies pour que le froid ne s'en empare pas trop vite, au cas où une dernière prose viendrait à s'échouer par ici, une dernière ligne désinvolte ou réfléchie, avant l'ultime sacrement, non pas comme le dernier souhait d'un condamné, mais telle une bouteille à la mer que jamais personne ne lira, car jamais elle n'atteindra les rivages de mes songes enfantins.

S'accorder un dernier sourire, en voyant la buée se former à chacun de mes souffles et se revoir rouler ces neiges éternelles au cœur de l'enfance pour lancer une boule imparfaite au loin et se dire que jamais elle ne retouchera le sol mais qu'elle s'en ira virevolter jusqu'à ces montagnes aux cimes caressant le manteau nuageux, où sont blotties les milliers d'étoiles composant l'habit d'apparat de Dame Lune.

Se voir s'éloigner au loin, le long de ce chemin disparu et attendre que la silhouette s'éteigne dans la brume naissante, pour se dire enfin qu'il ni avait rien d'autre à faire, aucun regret à emporter dans mon sac de voyageur somnambule, aucun visage à emmener vers cette inaccessible destinée, juste emmener avec soi ces effluves de parfums automnales ou printanières, et ne garder auprès de soi que ce magnifique rire enfantin seul trésor pour affronter le néant qui s'ouvre à présent sous mes pas maladroits...

dimanche 29 novembre 2009

Sur tes lèvres (Vampire in Love)



Dans ce monde de brouillard artificiel et de sons étouffés, parmi ces corps se mouvant avec la grâce un peu absurde de la nostalgie, j'ai croisé ton regard, une fraction de seconde volée à ma destinée, rayon hypnotique et dangereux, invisible mais palpable du bout des sens. Je suis resté là, attendant que la douce mélodie de cette impression me quitte ou me submerge, cette sensation de "déjà vu", tellement connue mais dont la rareté justifie tous les sacrifices.

Elle arrive la vague, je sens déjà son avancée chaude et effrayante, qui s'étend dans tout mon corps, se détournant pudiquement de mon cœur, cherchant l'affluent menant à mon âme perdue, les yeux rivés sur tes cheveux noirs qui ondulent, suivant les lents mouvement de ton corps, marionnette entre les doigts d'Aphrodite, comme désarticulée par ce rythme lancinant, tableau parfait de la sensualité où ton cou pâle émerge, offert au premier baiser, dont le goût empli déjà mon esprit.

Rien, je ne suis plus rien, juste une émotion, un regard en fusion, pur désir en ébullition, s'aventurant au milieu de cette foule anodine et sans saveur, je ne peut plus m'arrêter, je suis déjà hors contrôle, embarcation éphémère perdue au milieu de cet océan déchaîné où tout semble indiquer que la tempête sera fatale, frêle esquif s'élançant au milieu de cette mer de sentiments déraisonnables, mais la raison et le cœur ont déjà abandonnés le navire, je viens m'échouer sur tes rivages ensorceleurs, sirène dont le regard a fissuré mon ultime rempart de timidité.

Juste là, prêt de toi, où tes yeux viennent se river dans les miens, où je sens l'air que ton corps déplace, douce brise enivrante, paroles silencieuses échangées et qui me laissent sans réponse, juste conserver la magie de cet instant, unique, inespéré, précieux, ne rien troubler, retenir sa respiration, juste une seconde, puis ne plus penser, rester hors contrôle, sentir ton corps volcan frôler le mien, laves de tourmentes qui ne me laisseront aucun répits. Entrer dans la danse, sans se précipiter, prolonger cette attente douloureuse mais nécessaire, préserver encore un instant ce champ électrique séparant nos deux corps, encore un instant, encore une éternité.


Tu es mon unique horizon, emplissant mon champs de vision jusqu'à l'infini, ton regard intense augmente mes pulsations, ton visage si proche du mien m'envoûte, folie dévastatrice qui explose mes dernières poches de résistance, terrible certitude délicieuse comme un doux poison, juste rester dans la danse, comme un non sens tant le danger est imminent. Ta main frôle la mienne comme une invitation au dernier supplice, du bout des doigts enfin je découvre ton univers, violente douceur qui enfin m'entraîne vers toi, juste m'aveugler pour effacer le chemin du retour, juste me recueillir sur la pâleur indécente de ton cou, mes doigts enserrant les tiens jusqu'à faire rougir les articulation.

Doucement, comme retenant une vague de sensations tumultueuses et affamées, je laisse ta joue venir se poser contre la mienne, apercevant tes yeux déjà mi-clos, puis lentement partager cette première caresse où ton souffle vient s'échouer dans mon oreille, où le mien, haletant, s'empresse de trouver refuge en toi, laissant ma bouche affamée frôler ton lobe, merveilleux appendice aux douceurs fruitées. Mes lèvres s'aventurent avec une précaution inouïe vers ton cou, dont le parfum décuple mon désir, premier contact sur ta peau voluptueuse, où enfin je te découvre, prison céleste aux jardins miroitant de merveilleuse sensations, dont seuls les barreaux de l'hésitation peuvent encore me tenir éloigné.


Le désir s'amplifie, sourd tambour aux battements incessants qui explosent dans ma tête, résonnant le long de mes veines sinueuses, prémices de l'imminence de l'impact, ta main caressant ma nuque avec une telle douceur où les ongles de tes doigts me font frissonner, j'entreprends avec un calme d'apparence ma remontée vers cet objet de tous mes désirs, rebroussant chemin du bout de ma langue incandescente, redécouvrant ton cou conquis, poursuivant sur ta joue amicale, ressentant la pression de tes doigts dans mes cheveux, mais rien ne saura me détourner mon attention, à présent que ce fabuleux trésor est si proche, ta bouche déjà s'entrouvre, promesse d'un nectar vénéneux, cruel et douloureux, mais pourtant vital pour moi à cet instant.

Quand enfin ma quête vient à s'achever, entre précipitation contenue et calme furieux, avec mes lèvres je découvre la topographie, complexe, délicieuse et si parfaite de ta bouche. Frôlant délicatement ce petit pli au confins de ces deux chairs, survolant très lentement, au risque d'échouer si près de la délivrance, ta lèvre inférieure, prolongeant cette douleur intenable jusqu'à délicatement goûter ta lèvre supérieure, quand enfin nos deux bouches affamées par tant de précautions, assoiffées par tant de désir retenu, viennent à se rencontrer, se compléter, cratères en fusions dont l'avidité effrénée jamais ne pourra être entièrement satisfaite, contact électrique de nos langues, propulsant nos deux esprits vers un monde de délice et de douleurs mêlées, esclaves consentants de cette passion nous dévorant déjà, telle des braises incandescentes enflammant la moindre parcelle, la moindre pore, le plus infime interstice de nos deux corps.

vendredi 18 septembre 2009

Un Dernier Lien



Dans mon esprit amputé, lacéré par la foudre aux lumières désespoir et aux feux célestes dévastateurs, parfois une lueur vient me frapper violemment, m'extirpant de mon apathie, de mes songes aux pendus hurlant au vent et aux noyées murmurant aux vagues d'écume. Sans en connaître la raison, ni le cheminement hasardeux et chaotique, une sensation étrangère mais pourtant intime, comme une amertume en bouche, une odeur s'emparant de mes sens où un son se lovant en moi, est venue me susurrer de langoureuses paroles, faisant défiler en moi de vieilles images jaunies par le temps et l'oubli, m'entraînant vers un autrefois tant haïs et pourtant m'apportant des remords se conjuguant au présent.

Je crois me souvenir, de toi, de ce parfum qui émane de ta peau de Lune, passagère de la pluie au regard de braise et dont le corps se balance tout au bout des abruptes falaise de la folie, dans ton rire cheveux aux vents, tu m'as fait prisonnier, moi, le somnambule d'une autre nuit au parcours menant pas à pas à l'aube funeste, funambule hésitant, quand au-dessus du gouffre d'attirance, mes sens viennent à s'éveiller et que sous mes pieds ballant, je ne crains plus cette obscurité excitante et fatale.

Étais-ce ici, au milieu de ce grand chant de blé, aux dorures estivales ou ailleurs, près de ces sépultures d'un autre temps sous cet orage dément ? T'ai-je désiré, aimé, possédé, entravé d'un lien cinglant ou ne t'ai-je que frôlé d'un battement de cil, d'une caresse maladroite , d'un baiser à peine prononcé ? Ai-je goûté à tes vices jusque au supplice, gravant mon désir sur ta peau de craie, brûlant ton corps de soie et d'échardes, à en recueillir ces perles de sel en ma bouche affamée où n'ai-je fait que contempler ce monde sulfureux aux tempêtes violentes d'émotions déferlantes dans ton regard sombre et envoûtant ?

Mon corps, aux lambeaux de souvenirs, que langoureusement le temps effeuille avec un plaisir sadique, semble retrouver la trace de ces anciennes nuits de satin et de cuir. Ici une meurtrissure à peine visible au creux de mon ventre, là une plaie à peine infectée aux vives douleurs s'animant quand la pluie vient se briser sur mon visage où encore cette cicatrice défigurant mon sourire, quand le rire s'avance en guerrier vaincu et dont le cri aux timbres de folie vient déchirer la solitude de mes nuits pastels, masquant d'autres impacts oubliés, d'autres blessures mal bandées, d'autres cassures en mon cœur porcelaine.

Pourtant tu n'es pas un visage, pas la moindre ombre de ton passage devant ma glace, pas la moindre fêlure en moi où je pourrais te retrouver, rien qu'un fantôme décharné dont j'entends encore le son des bottes sur le plancher, le bruit feutré du corset enfermant ces secrets passionnés et le chant des soupirs et des gémissement qui s'envolaient dans la nuit flamboyantes, juste une sensation douloureuse aux infinis plaisirs. Songe fantasmagorique d'une vérité enfouie en moi, loin du regard aux absences coupables, en chaque pore de ma peau endurcie par les frissons de l'hiver, entre chaque battement de mon cœur chevauchant sans répits vers le précipice des ténèbres accueillantes, en mon âme anéantie par tant de combats charnels où chaque jouissance n'était en fait, qu'étrernel recommencement au goût de chair parfumée et de sel cautérisant mon désir à vif, immense fenêtre ouverte vers cette aliénation vertigineuse et délicieuse.

Il y a avait en moi cet animal blessé qui, bien avant l'heure, déjà avait aperçu ces ailes majestueuses et ténébreuses obscurcissant l'horizon lointain, la face à l'éclat sombre et vénéneux de ma destinée, usant chaque seconde, l'étirant, la modifiant, la rallongeant aux limites de la folie, s'enivrant d'un espoir à peine entr'aperçu, d'un regard volé au goût de liberté, sans jamais se soucier de la future aube naissante, porteuse d'une tempête destructrice, aux longs bras venteux, récoltant les âmes égarées ou s'étant aventurées trop loin du seuil d'un corps refuge. La nuit me murmurait inlassablement les mêmes mots, prédicatrice éclairée, maîtresse de mes actes les plus troubles quand la faim et la soif tenaillaient mes désirs les plus vils, comme un refrain incessant que seul mon cœur semblait comprendre, accordant sa partition de battements au rythme effréné de ma destinée.

Il est temps pour moi de refermer le livre, de tourner l'ultime page, sans en écrire le dernier mot, laissant quelques pointillées en suspension, pour, au cas où la chute ne serait que fatale, laisser à d'autres le soin de noter ici où là quelques regrets au goût d'amertume et aux couleurs d'automne, quelques mots inutiles et pourtant cruciaux quand dame culpabilité le soir venu viendra frapper à la porte. Sentir le lien se resserrer une dernière fois sur ma peau, n'apportant plus le plaisir aux milles parfums d'autrefois mais simplement la douce saveur de la plénitude, comme pour mieux recoudre la boucle du temps, rafistoler grossièrement les plaies les plus visibles, celles qui définitivement m'ont condamné à me donner, a m'offrir, ressentir une dernière fois la douleur d'un souffle, quand déjà les ténèbres s'empareront de moi pour me déposer cruellement en Terre de Souvenir.

samedi 25 juillet 2009

Et rire...



Dans mon cœur désert, les vers de sable creusent leurs galeries, affaissant le moindre espoir, modifiant le paysage, m'égarant chaque fois que mon regard se perd sur mon intime horizon.
Contagion, insoumission, déraison, absolution pour mes prières perdues, d'un regard aux cieux éphémères, les bras tendus vers la surface de l'océan nuageux, comme un dernier saut immobile et vertigineux.
Courir sans but, les tempes en feux, la bouche grande ouverte pour un dernier cri silencieux, angoissant et inutile. Juste se sentir vivant au milieu des éléments divins et des immondices.
Que la pluie me noie, que le vent me serre dans ses bras jusqu'à l'étouffement, que le Diable m'emporte par de là ces nuits de solitude et qu'il gèle mon regard humide dans sa prison miroir despotique.


S'assourdir de ces longs silences, s'aveugler de ces lueurs au matin blême quand l'astre de feu cesse d'étreindre mon âme tourmentée pour se hisser au firmament, Dame Lune s'en est allée une fois encore.
Dans ma tête ces mots résonnent, dans les couloirs de ma conscience ces portes claquent encore et j'aperçois par les fenêtres de ces pièces poussiéreuses un autre visage, hagard et au rire désespoir.
Folie tant désirée et parfois si distante , douleur amicale qui m'accompagne depuis le crépuscule de mes songes, solitude amante qui me cloue dans cette infirmité physique au cercueil de peau morte, pour seules compagnes.
Agitation, démembrement et blessures à peine visibles pour ne rien laisser au regard, juste se revêtir des ténèbres rassurantes et se draper une fois encore de ces constellation étoilées quand s'en vient Morphée l'aguicheuse.


Prince au royaume d'immensité où l'horizon pourpre en est l'unique porte, Roi de rien pour mieux gouverner cette cohorte de fous et autres clowns tristes qui s'ébattent dans ma cours aux pavés chancelants et instables.
Du haut de ma tour aux fondations incertaines, je vois le monde vaciller et la confusion enlacer mon esprit, architecte marathonien aux plans incomplets, bâtisseur aux murs lézardés par le désir et l'attente.
Voyez la vie s'aventurer dans ces lieux insomniaques et maudissez son maître espoir, blasphémateur d'une religion utopique qui dans son grand livre, trop souvent, à laissé les feuilles s'envoler au vent d'automne.
Comptine sans fin, au cliquetis effrayant et aux lourdes chaînes jamais vraiment brisées au risque de se libérer, de s'exposer aux jugements des autres, affabulateurs égocentriques aux yeux fixes et déjà éteins.


Une dernière fois rire, à gorge déployée, de tout, de moi, de ces fantômes et ces terreurs enfantines, comme pour mieux ôter tout sérieux à cette existence, comme pour exorciser de vieux démons amants.
S'en aller pour mieux revenir, ici ou ailleurs mais dans les bras de dame amnésie et de ces douces caresses immaculées, se regarder une première fois et ne pas se reconnaître dans la vitre embuée de ma prison mentale.
Ne plus être, juste s'évanouir dans la nuit comme pour mieux renaître de ces cendres tièdes que le vent emporte dans un ultime soupir vers ces rivages inconnus mais pourtant déjà miens.

Et rire, encore et encore, rire car tout cela n'a aucune importance...

Conquistador



Marcher, avancer, fuir le souffle court et les tempes douloureuses où résonne le martellement du tambour, pulsation gallérienne qui me tient en éveil. D'un regard de braise, d'une caresse de fer, d'un rire couleur désespoir, d'une larme glacée, mon âme se sustentait, se repaissait à l'agonie, à profusion, à l'indigestion.

M'abrutir encore de sons chaotiques, d'alcool au goût de déraison, d'averses automnales aux vents déchaînés pour m'échapper, m'enfuir, m'anéantir encore un peu plus loin. Course au trésor maudit, poursuite menant aux premiers cercles infernaux, affabulation de l'espoir dans le vieux grimoire aux îles perdues , mensonges, omission, oubli, amnésie salvatrice.

Prendre ces chemins de traverses où dansent ces cadavres encore tièdes, aux parfums d'amour et de passion consumée, quelque part dans ces paysages aux arbres décharnés portant en leur branche ces ultimes rêves envolés, au bord de ces rivières aux eaux sombres couleur noyade et dont les remous semblent être une possible issue.

Se rappeler de ces vitres de pluie ruisselante, seule prison d'où seul l'esprit s'évade pour mieux se briser aux vents mauvais, quand il gerce dans mon cœur, quand mes lèvres restent closes et mes yeux trop longtemps ouvert sur l'absurdité, mais dont la vivacité anime ma déchéance, sublime mon allégeance au Seigneur néant.

Prendre de la vitesse pour le dernier saut, bondir les bras tendus, se libérer du poids de la chair, s'envoler sous les cieux étoilés pour enfin décrocher l'immortalité, ne pas perdre de temps pour qu'aux premières lueurs de l'aube, l'astre de feux ne vienne brûler mes ailes de papier, aux taches d'encres et d'amertume.

S'alléger de toute moralité, l'espoir est déjà mort-né dans un souffle volute de tabac, il ne restera que de vieux fantômes décharnés pour témoigner quand le sablier rendra son verdict, quand ses derniers grains auront glissé entre mes doigts couleur de Chine, qu'il faudra planter une pierre de marbre ou de grès pour redéfinir les contours de ma vie.

Parcourir mon royaume au pas de charge, redéfinir ses frontières invisibles et ses contours couleur chair, s'ébattre, combattre, se débattre pour déformer, remodeler l'horizon flamboyant aux aurores boréales pourpres et enivrantes, pour une dernière fois se laisser charmer par le chant des sirènes, muses assassines qui, quand l'aube venue, s'en vont vers d'autres rivages incertains.

S'échouer sur ces récifs d'or, d'encens, de myrrhe et d'ébène, une nuit sans phare et sans amarres, sentir le sol cotonneux s'enfoncer sous mon corps et enfin poser un genoux à terre, planter l'étendard de ma fratrie marginale, loin de ces regards inquisiteurs et interrogateurs, conquistador égaré dans l'immensité stellaire de ma cellule sans issue aux rires parfum désespoir et au goût acidulé d'autrefois, sans échos.

Finir sa quête en terre d'amnésie, où dame folie en son sein me nourrira, d'une caresse dans mes cheveux chocolat, doucement apaisera mon angoisse, véritable dévoreuse d'âme, et d'une simple berceuse au silence réparateur, fermera mes yeux source, mettant fin au martellement du tambour, dictateur sanglant aux plaies jamais cicatrisées et brûlantes.

samedi 2 mai 2009

Ultime ligne sans fin.


Plus j'écrivais, alignant ces mots martelés par mon esprit, étirant chacune de mes phrases vers l'infinie douleur secrétée par mon cœur cimetière, laissant entre les lignes l'espace pour redéfinir mes nuits, et plus je sombrais dans cette solitude blessante, dont la fidélité était une de mes rares certitudes. Dans mes heures lunaires, mon âme semble enfin exister, inscrivant son histoire désabusée, comme un conte morbide, héroïne passionnée au regard aveugle et triste , à jamais prisonnière derrière les barreaux de sa cage de glace, laissant là son unique trace visible sur le livre de ma vie, qui semble ne jamais pouvoir s'achever mais que l'aube ennemie vient brusquement refermer.

Textes sombres au goût de désespoir, amertume linéaire s'achevant par ses points de suspension, où mon âme semble soupirer, comme pour reprendre son souffle avant de plonger vers le paragraphe suivant où encore une fois, il ni aura aucun point final, juste quelques interrogations inutiles, comme un appel au secours silencieux, honteusement dissimulé, emmuré derrière une rime aléatoire où une métaphore grotesque mais de circonstance. Tranche de ma nuit, morceaux de mon cœur brisé, qui s'étalent là, sans jamais réussir à vraiment se rassembler pour enfin redonner un souffle printanier à ces teintes automnales où déjà l'hiver vient gercer le moindre espoir, la plus petite illusion.

Écrits réconciliateurs et pourtant destructeurs, loin de tout mensonge, où une vérité, redouté mais nécessaire, fait de mon être charnel un havre tumultueux où viennent s'échouer ces vagues révoltées par les regrets et les erreurs, refoulant cette écume acide jusqu'au bord de mes lèvres glacées, autrefois gardiennes d'un feu au goût de passion, mais dont les braises incandescentes, lentement cessent de briller dans ma nuit, où la solitude s'empresse de les recouvrir douloureusement, de peur qu'elles ne s'enflamment trop violemment, quand le vent du désir se lève dans mon esprit.

Page de papier noircie par ces quelques lettres droites et courbes, testament de mes vices cachés aux confins de ma folie lunaire, quand tout semble enfin perdu et que la raison n'a plus la moindre emprise sur celui qui vit en moi, celui qui, dans sa prison de chair, sait à présent qu'il y a autre chose, ailleurs, cette chose qui aurait pu redonner un sens à ces mots si souvent bafoués, détournés et seulement sussurer quand le voile de la pudeur sensuellement se déchire, laissant apparaître cette chair amante où le désir enfin devient palpable.

Main douloureuse qui accomplit sa tâche ingrate, sbire d'un esprit tourmenté, dont la moindre émotion, la plus infime sensation s'en va finir dans une geôle de papier, étendue là sans aucune forme de procès, dans le seul espoir d'être partagée et comprise, mais seule la poussière semble s'y intéresser et tendrement la recouvre de son long manteau de particules mortes. Main qui autrefois caressait cette peau affolante, créant de véritables odes invisibles sur ces corps concupiscents et, qui aujourd'hui appartient à ce corps musée, dont la seule fonction de greffier ne peut satisfaire son toucher affamé.

Feuille emplie de tant de mots, de phrases se succédant, de paragraphe curieusement alignés dans ce chaos grandissant en moi, comme si mécaniquement mes pensées les plus intimes se résumaient à cette structure, ordonnée et agencé, comme si je pouvais me satisfaire de cette vision, effroyable de par sa simplicité, heureusement nuancée par la valeur et la définition de chaque mot, plantés là minutieusement dans ce grand jardin délabré où à l'automne de ma vie, la floraison semble déjà si lointaine. Jardinier désemparé face à l'ampleur de la tache à accomplir, marin échoué sur ces rivages hostiles et inconnus, rêveur éveillé loin de son sommeil, inspirateur de ces visions trop rapidement effacée par la rosée matinale, larmes de ces muses si souvent ignorées.

Comme un sculpteur dément, tordant ici un verbe singulier, défigurant là un bel adjectif, je compose mon œuvre, malaxant violemment le moindre sujet jusqu'à en modifier l'essence, à en oublier la présence de ces règles frustrantes, pour qu'en fin d'idée, le doute soit encore permis, au passé comme au présent. Les ténèbres où se terrent mes sentiments les plus profonds semblent se mêler à cette lumière fluette, rayon de lune qui s'étalant sur ma feuille après avoir franchi le verre embué, lie les voyelles aux consonnes, mais le futur, imparfait, jamais ne dirige ma phrase.

Ponctuation reposante, juste pour repartir vers ces aspirations grammaticales plus ou moins appropriées, ne laissant aucun choix aux verbes dégroupés et bien inutiles, car quand la ligne vient heurter le bord de la page, sans l'adresse d'un funambule grimé dans son silence, la chute n'atteint pas toujours la dernière ligne.

Ultime ligne, où le mot fin jamais ne s'écrit, comme si ailleurs l'histoire se poursuivait, bien loin de l'horizon nocturne de ces textes inquisiteurs, juste là quelque part dans mon regard, derrière la barrière de larmes inutiles mais trop souvent présentes, au-delà du miroir de la démence, dont le triste reflet de mon âme déjà flétrie, comme si ces pages jaunies, par l'attente insupportable, prenaient leur sources bien plus profondément que ces racines de regrets que mon cœur engrais alimente, me juge et me condamne à écrire sur une nouvelle page, inlassablement la même histoire, recomposée et décomposée, au présent comme au passé, usant et abusant de mots aux sens cachés, mais dont la définition est d'une intolérable précision.

Quand enfin, ma main prisonnière de se cachot d'inspiration, relâche l'étreinte du stylo en fusion, je reste là, les yeux débordant d'étonnement face à cet amalgame de lignes parfaitement horizontales, je me sent enfin en paix, épuisé, vidé mais rassasié comme un amant, dont les caresses et les baisers ont su trouver le chemin de la jouissance, mais toujours avide de nouvelles aventures, d'une future amante page dont la virginité et la pâleur effrayante cache en son sein le plus fabuleux des trésors. Espace immaculé où la passion créatrice, redéfinira pour quelques heures la très étroite frontière entre le plaisir et la douleur, comme si l'un et l'autre dans une folle sarabande étaient à jamais liés. Jusqu'à la dernière note, le dernier soupir, le dernier regard, le dernier mot, rien ne semblera acquis, même si l'essentiel sera préservé, comme un voile de pudeur recouvrant ce sexe féminin, cette fine couverture poussiéreuse se referma inévitablement sur ces quelques pages, n'offrant qu'aux plus entreprenant ou aux plus curieux de partager ici et là quelques émotions.

dimanche 12 avril 2009

Qu'il est dur d'en finir...


Les effluves d'alcool s'empressent de déstabiliser mon esprit, trimbalant mon corps comme un esquif sur un océan démonté, le menant vers ces récifs aux rires méconnaissables mais au son de l'ironie et de la suffisance.
Dans mes veines l'orage gronde, le tonnerre résonne déjà dans ma tête alors que la nuit vient à peine de naître, alors que ma vie se secoue, se tempête, s'agite dans cette toile où je ne suis qu'un captif aux yeux d'éclair.
Tourment monotones aux goûts disparates et aux parfums maudits, emplies de cette haine qui me noie, m'éblouit et me perd loin de ces sentiers d'automne où mes désirs hier encore semblaient s'aventurer jusqu'à la forêt de Brocéliande.
Marchant, titubant vers cet ailleurs fort lointain, l'âme au bord des lèvres, le cœur aux sanglots inépuisables, je n'avais que cette douleur et cet immonde silence pour appeler, pour montrer que j'existais, rien qu'une fois.
A mes côtés le vide que rien ne semblait pouvoir combler, m'attirait, me charmait, de moi s'enjouait sachant pertinemment que l'équilibre ne serait plus conservé qu'un court instant, précipitant ma chute, enflammant mes ailes de papiers.
Avancer sans regarder vers l'horizon, juste admirer chaque pas obtenu par la volonté et quelques réflexes opportuns, s'évanouir sans perdre connaissance, juste pour que l'ivresse soit plus grande et la pesanteur plus douce.
Enfin rencontrer la rudesse d'un trottoir au hasard d'une chute, rester là, allonger le corps sur le bitume froissé et les yeux clos au risque de se perdre dans cette géographie horizontale, aux repères flous et étranges dont l'horizon est étoilé à perte de vue.
Fouiller frénétiquement dans ses poches pour en retirer ce bout de papier griffonné quand l'ivresse était câline et que la nuit semblait prometteuse, et que pour cette fois les démons étaient endormis. Et lire malgré tout, lire à tue-tête.

"Les mots sont comme des larmes amères qui coulent le long d'un regard éperdument amoureux de la vie , mais d'une autre vie, celle des rêveurs et des poètes où chaque mots ont leur propre battement, chaque regard leurs propre douleur mais la même sensation que la vie est ailleurs, juste ici mais sur d'autres rivages fantomatiques effacées à jamais des cartes de leur mémoire.
Je ne viendrais troubler aucun rêve car je vis dans le souffle nocturne des nuits solitaires qui gonfle les voiles de ces navires échoués quelque part juste après la ligne d'horizon, que l'aube dissimule aux regards des autres et qui m'emporte à tout jamais loin de moi, de ces songes imbibés d'alcool et de passion, quand la pluie vient à balayer mes dernières envies..."

Attendre ensuite, attendre encore, juste que l'impact des mots, que la violence de la pensée m'abandonne, desserre son étreinte pour que le trouble ne me plaque plus sur cette asphalte froide et puante où je ne suis plus qu'une masse sans ombre...

mercredi 25 mars 2009

Jimmy dans l'Arène




Jimmy ne sait pas dire non, assez, Jimmy ne sait pas dire "j'ai mal".
Il ne sait que détourner son regard quand personne ne l'observe et partir, s'enfouir dans les ténèbres de la nuit quand les lumières des réverbères éclairent les rues désertes, que les chats s'étirent et s'apprêtent à emprunter les toits brûlants, que les lumières amicales aperçues au loin ne sont plus un havre de paix, un phare le guidant vers une douce accalmie.
Jimmy ne sait toujours pas ce qui le pousse à rechercher l'autre, l'ami(e), la compagne d'un rire, l'amante d'un regard, mais il sait que quelque chose brûle démesurément en lui, quand un parfum vient à croiser son chemin, quand un effleurement lui rappelle qu'il est aussi un corps.
Il y a eu tant de fausses routes aux impasses brumeuses, tant de portes closes quand le crépuscule du soir venait à étendre ses longues ailes soyeuses et scintillantes, tant de déception et de regrets aux amertumes blessantes, qu'aucune logique ne l'entrave plus à présent, aucune question ne trouve la moindre réponse dans son esprit agonisant. Jimmy est perdu, Jimmy s'est perdu...
Il y a ces gens autours de Jimmy qui d'un mauvais œil l'observe, le décortique, l'autopsie, tirant, coupant et arrachant sa carapace d'argile et de lin, comme pour mieux s'en repaître, s'en abreuver , qu'il est difficile de résister à cette faim tenace, à cette soif abrutissante.
Repu, amusé, rassuré, cette carcasse de Jimmy n'avait plus d'utilité et déjà au loin le son du cor annonce la prochaine chasse pour une victime à battue. Il faut partir chuchotaient-ils, lui tournant le dos avec cet immonde sourire en coin défigurant leurs visages de prédateurs insatiables.
Laissant là un Jimmy agonisant.
Quand le jeu s'arrête, que l'intérêt n'est plus aussi aiguisé, que le rire n'est plus qu'un lointain écho, la solitude amante revient panser les plaies, recoudre les vilaines coupures apparentes et doucement lui prendre la main pour lui indiquer le chemin de l'exil, là-bas après que l'horizon ne sera plus qu'un souvenir, il y aura sûrement quelque chose, quelqu'un pour lui dire simplement par un tendre regard, par un silence réconfortant, c'est fini...
Parfois Jimmy sentait son cœur vibrer un peu plus fort, doucement il sentait ses pulsations s'accélérer, comme si l'aiguille du temps avait cessé de planter sa pointe sur son dos, lui offrant là une inattendue occasion de s'arrêter, de lever ses yeux vers cet autre, vers celle et celui qui l'interpellait au doux nom d'ami. Comme si tout ce temps passé dans les limbes de l'incompréhension avait finalement un sens, comme une évidence qui à présent se dessinait devant ses yeux, juste ici à travers la nuit où la pluie redonnait à son visage une étrange lueur inhabituelle, celle de la joie et de la gratitude.
Que Jimmy était naïf, il désirait tant s'offrir et peu être recevoir ici ou là un peu d'attention et qui sait une once de tendresse, que le passé aux tourments tortionnaires s'évaporait déjà. L'amnésie tant espérée enfin s'emparait de lui, rouvrant aux quatre vents les portes de bois usés et les
grandes fenêtres aux volets grinçant donnant sur cette sombre pièce ou somnolait son âme affamée, dansant la farandole au risque de s'enflammer au contact de la cheminée aux braises de papier manuscrit. Son toit de paille s'envolait déjà, ses murs de carton pâte se lézardait et pourtant
Jimmy se sentait en lieu sur, réapprenant l'alphabet, composant de fabuleux mots au doux son de confiance, de partage et d'écoute comme si l'enfant qui se cachait dans son placard enfin pouvait pousser la porte, même quand la nuit était sombre et que sous le lit de curieux bruits éveillaient son imagination faisant tressauter son esprit quand la terreur lui titillait les sens.
Pourtant une nuit, alors que mère Lune veillait sur lui, que la joie incandescente se reflétait dans son regard, l'évidence vint le frapper de toute sa force, de toute son horreur avec ses cohortes de certitudes bestiales et sans la moindre pitié. Tout cela n'était qu'un nouveau jeu, un simple miroir
aux alouettes, fascinant de complexité car il y avait bien là une perversion infime mais pourtant visible à présent. Ces amitiés nouvelles n'avaient pas cette précieuse valeur qu'il voulait tant leur accorder. Jimmy n'était plus qu'un ami de pacotille, seulement un second choix dont la présence ne faisait que combler ces instants emplis de vide et d'attente, un faire valoir plaisant, conciliant, saltimbanque ou ménestrel selon le bon vouloir des maîtres du château mais ne se voyant remettre pour tout cachet que ces amitiés de passages, qui aux premières lueurs de ces éclairs zébrant les cieux sombre et menaçant s'envolaient vers d'autres horizons flamboyants aux couleurs cinglantes, vers ces rivages trop lointain pour qu'un jour il puisse lui aussi s'y échouer.
Jimmy ne savait pas comment chevaucher l'éclair, comment se fondre dans la pluie s'échappant de ces nuages aux allures fières et majestueux, il ne pouvait que rester là, les bras en croix, les yeux tournés vers les cieux et en rire, seul, jusqu'aux sanglots, jusqu'à la noyade.
Une fois encore, une fois de trop, comme si dans son grand livre de l'existence chaque page remplie fiévreusement où l'encre n'avait pas encore pénétrée complètement le papier, le destin venait arracher cette feuille testament, unique trace visible de ces échecs, derniers mots inscrits pour la postérité avant ceux qui décoreront la stèle éternelle.
Jimmy est revenu après ce long périple vers le néant, cette douloureuse quête aux vérités cinglantes. Il s'est assis devant le miroir aux néons usés et a jeté un regard vers ce spectacle s'offrant à lui. Au loin la foule déjà grondait, trépignant d'impatience, poussant des cris et s'agitant, la faim semblait les exciter, la soif les poussait à bout.
Il devait accomplir son vieux rituel, cacher entièrement son visage sous cette poudre blanche, cercler la bouche d'un gros trait blanc, puis les yeux de blanc et enfin dessiner une larme sous l'un des yeux, le gauche comme à chaque fois.
A présent il était prêt, au loin il lui semblait entendre cette douce voix féminine qui lui susurrait "the show must go on, show must go on.....", comment pouvait-il en être autrement, il ne savait faire que cela à présent que la nuit l'avait abandonné.
Jimmy s'est levé tranquillement, a regardé une dernière fois le miroir qui si longtemps lui semblait dissimuler un passage vers la Terre d'Ailleurs, son ailleurs, puis s'avançant lentement d'un pas peu assuré vers le rideaux le séparant de la foule, le tenant encore éloigné de cette arène où aucun fauve ne viendrait mettre fin à son errements, simple morceau de toile au parfum sucré et ocre qui encore le protégeait.
Quand le tambour se fit entendre et que la foule exulta une dernière fois, il ferma les yeux et laissa la lumière vive, si intense lui brûler le visage, seul le premier pas est coûteux, seul la première enjambée sera périlleuse, ensuite le reste sera récité sans aucune passion, aucune déraison. Mais la foule aura droit à son spectacle simple et rassurant, le retour de leur Jimmy...
Jimmy ne finira plus ces nuits sous le poids des larmes et des déceptions, à présent il est libre, son âme à jamais s'en est allée retrouver ses nuits d'ailleurs, à travers le miroir, rejoindre la danse des nuages aux pluies apaisantes, enlacer la lueur de mère Lune, pâleur bienveillante et amante qui si souvent donnait un sens à ses songes.
Jimmy n'a plus d'âme, corps marionnette à la merci de tous, visage au sourire figé mais maintenant sa vie à un sens mais plus la moindre saveur.
Mais c'est mieux ainsi, tellement mieux...