samedi 6 mars 2010

Sans retour...



Juste écouter le silence, le chant du vent dans les arbres, la mélodie de cette pluie sur le bitume, le roulement de ces vagues déferlantes, puis fermer les yeux et écouter encore une fois cette symphonie de la mélancolie.

Rester immobile face à tant de beauté, pour se laisser charmer une dernière fois, se rappeler ce qu'il se cachait sous tant de désir, puis fermer les yeux et rester encore un peu là, juste pour pleurer encore une fois.


S'attarder le long de la route étoilée, les yeux brûlés par tant d'évidence, la poitrine opprimée par tant de retenue, les mains vidées par cette solitude, puis s'avancer aveuglement les bras tendus pour enlacer le néant.


Se dire qu'il y avait là une dernière promesse, juste une vérité douloureuse, comme une impuissance à s'abandonner sans crainte, et oublier ces mots qui dans leur élan pourraient entraîner cette fuite en avant.


Se retourner encore une fois, juste pour chercher un seul regard, comme un appel au travers du miroir, une main collée sur une vitre froide et se détourner avant que ces paupières ne se ferment sans moi.


Fixer l'horizon brumeux et indécis, pour essayer d'entrapercevoir l'arc-en-ciel aux pieds d'or, pour évaluer la distance qui me déchire le cœur et ne plus se poser de question, juste faire le premier pas.


Se délester de ces rires joyeux, de la moindre once d'espoir, des ces émotions tant aimées, pour que le voyage soit moins long, que la montagne ne s'éloigne pas encore cette fois et gravir avec légèreté les dernières marches vers l'oubli.


Se fondre dans les ténèbres humides, unique passager de la pluie, chevaucher l'éclair jusqu'au grondement, reprendre la folle course du vent puis n'être plus qu'un son, un parfum automnal, une trace infime sur les feuilles mortes.


Se laisser partir, laisser les ronces effacer le chemin, goûter à ces épines avides de ma chair, s'enfoncer dans le forêt éternelle, juste pour n'être plus qu'un triste souvenir et ne plus revenir, jamais.


S'interdire d'aimer une dernière fois, pour ne plus décevoir, laisser une chance à l'autre d'ignorer les tourments et les aspirations nocturnes, détourner son regard et se dire que c'est le seul choix.

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