jeudi 1 juillet 2010

Orphelin...




Je restais là, assis sur le bord du trottoir, juste à regarder les gens passer, main tendue, cœur palpitant et larmes aux yeux.
Cela faisait si longtemps que j'étais là, seul, à attendre, à t'attendre et quand enfin tu apparaissais tu ne faisais que me croiser.

J'avais tellement de choses à te dire, tellement de rêves à partager, mais tu n'avais déjà plus le temps, l'horloge te pressait.

Je n'étais pas exigeant, je n'avais que très peu de revendications, la vie aux échecs blessants avait réduit ma parole et mes envies.

Parfois tu me regardais, moi l'égaré, l'orphelin au lourd passé, et dans tes yeux enfin je trouvais mon reflet, enfin j'existais.

Pour une heure, une nuit, peu m'importait, je sentais mon cœur battre, pulsant mes désirs et élevant mon âme vers toi.


Quand tu t'en allais, la vie s'estompait, le monde s'écroulait mais à l'horizon levant et flamboyant, je savais que tu repasserais.

Je n'étais qu'un enfant abandonné au cœur ouvert aux quatre vents, bras tendus, regard éperdu, ne cherchant que le réconfort.

Juste pour conserver, caché au fond de moi, dissimulé derrière un sourire, l'espoir qu'un jour l'attente prendrait fin avec toi
.
Rêve illusoire mais suffisant pour donner un sens à ma vie, offrir une chance de me perdre dans tes bras ou j'étais heureux.


Mais le temps assassin, briseur d'espoir, asphyxiant les poètes et les romantiques au cœur morcelés, déjà te possédait.

Tu vivais si loin de moi, dans cet univers où je n'existais pas, où je n'étais qu'un mendiant, un estropié, une ombre obsédante
.
Mais je me contentais de ces rares baisers au goût de lumière et de ces sourires à la chaleur rassurante que tu m'offrais
.
Je souffrais quand tu n'étais pas là, mais quand tu réapparaissais, tout s effaçait, tu était mon traitement, ma guérison
.
Chaque seconde partagée, chaque murmure, soupir ou silence près de toi était un précieux trésor à la valeur inestimable.


J'ai appris à t'aimer de cet amour imparfait, aux battements irréguliers, aux retrouvailles quotidiennes et passionnées
.
J'ai appris que la raison ne pouvait barrer le chemin chaotique de mon cœur quand seul je t'attendait, sourire aux lèvres.

Puis un matin quand l'astre de feu me brûlait loin de la rosée et des brumes, tu n'es plus revenue, juste au loin cette chanson
.
Ces paroles qui disaient que j'étais libre à nouveau, qu'il fallait que je parte, que la raison était notre nouveau tyran
.
Les sentiments et la déraison avaient été déchut, révolution, coup d'état fracassant aux pierres et aux pavés de regrets
.
Emmurant mon amour palpitant, barricadant mon âme et mes désirs dans cette nouvelle liberté, bien trop vaste pour moi.


Je ne veux pas être libre, juste rester dans cette prison de tendresse et de passion, entraves-moi, enchaînes-moi à toi.

Cette liberté à le goût de solitude, à la couleur des larmes lunaire et aux soupirs de plomb qui déjà me blesse
.
Je voulais juste être aimé, juste quelqu'un qui puisse accueillir mon cœur enfant et le protéger de l'abandon
.
J'espérais juste que l'on me guide, que l'on donne à ma vie un sens et que mon attente soit enfin justifiée
.
Un simple amour partagé, même imparfait, aux manques douloureux mais aux retrouvailles enchanteresses
.

J'ai quitté mon trottoir, au milieu d'un après-midi bouillant, l'esprit anéanti, le cœur en suspend et l'âme déchirée.

Je n'étais plus qu'un orphelin, avec cet amour immense sans aucune valeur à présent que je suis plus rien.

Je me suis engouffré dans une impasse sombre et je me suis accroupi le regard plongé sur l'asphalte puante
.
Loin de ton enivrant parfum, des caresses de ta douce peau et de ces baisers au goût chocolat évaporés
.
Juste là où il ni aura plus jamais de regard où rêver, plus aucun sourire pour me sauver, où jamais tu ne viendras....

Aucun commentaire: