dimanche 4 juillet 2010

Solution finale





La maladie est une chose immonde qui s'introduit dans votre vie, sournoisement, imperceptiblement et qui prend domicile ici ou là, au plus profond de vos entrailles.
Parasite sans gêne qui dans une faille minuscule, un sombre interstice, s'installe et s'approprie ce qui lui semble être son dût.

Au fil du temps, lentement, il se lance dans une véritable prospection des terrains alentours, grignotant ici un organe mineur, une parcelle musculaire ou nerveuse dont l'importance se révélera que bien plus tard quand il sera déjà trop tard.


Un beau matin, le nouvel hôte enfin viendra à se présenter, d'une façon ou d'une autre, par un malaise, une grosseur ou un écoulement sanguin inhabituel et suspect, vous plongeant dans de terribles et véritables abîmes aux interrogations et aux supputations angoissantes.


Viendra alors le temps des constats, des échéances médicales quand votre vie ne semble plus exister que par à coups, où entre deux dates entourées sur le calendrier aux noms de services médicaux inhospitalier griffonnés avec anxiété, l'espace laissé vacant entre ces deux rendez-vous semblera vide et inutile, mais comblé par d'innombrables questions aux réponses sombres et aux intonations morbides.


Rencontre de l'univers froid, aux odeurs si reconnaissable, de l'armada hospitalière dont les noms les plus complexe de toute une machinerie jusque là inconnue devient votre routine, faisant de vous un véritable spécialiste en la matière.

Après de nombreuses nuits sans sommeil, de perte d'appétit et d'envie, après des avis amicaux et autres réconforts, la sentence tombe enfin.


Palpitation interminables s'accélérant un peu plus quand la porte du médecin vient enfin à s'ouvrir et que l'invitation d'y pénétrer vous parvient enfin.

Instant hors du temps, où chaque syllabe, chaque mot, chaque seconde prend une valeur unique et restera en vous à jamais, comme une sensation particulière et terriblement désagréable.


Retourner vers la vie, ou ce qu'il en reste, se sentir encore plus seul, sentant que chaque particule, chaque fibre encore vibrante n'a plus aucune utilité, que chaque chose est sans saveur, sans odeur et qu'il ni a plus rien à quoi s'accrocher.

Juste essayer de se projeter vers un avenir déjà si proche et prendre la décision la plus importante de toute son existence, la plus extrême aussi tant le déroulement des événement prochains vous es déjà connu pour l'avoir longuement observé, décortiqué, analysé, autopsié sur vos proches.


Mais finalement ne serais-ce pas là la véritable solution, comme une alternative inespérée à ces sombres idées accompagnant chacune de mes nuits solitaires, quand le désespoir se faisait trop lourd et que les larmes se mêlaient aux rires, que la lâcheté me faisait oublier le simple geste qui aurait mit fin à toute cette mascarade.


Si enfin, d'une certaine manière, je pouvais définitivement nettoyer mon visage, lui enlever cette pâleur de clown à la tragédie sous-jacente mais invisible aux regards des autres, qu'enfin apparaisse mon vrai faciès, fatigué, désabusé au sourire à jamais figé sans plus me soucier de la moindre réflexion, juste grace à cet intrus qui progressivement s'empare de ma chair.


Avec le temps le corps à son tour allait connaitre la souffrance et l'abîme aux douleurs implacables qui jusqu'à présent ne faisait qu'assaillir l'âme et l'esprit, pour enfin me libérer, pour que mon vœux le plus cher se réalise, pour que tout simplement mes aspirations spirituelles soient ma seule et unique priorité.

Me désintéresser de ma déchéance organique, accepter le lourd prix à payer en refusant toute aide chimique et se laisser partir, s'envoler malgré la peur, la douleur et l'incompréhension dans le regard des autres.


M'accaparer de chaque seconde qui s'écoule pour en abuser, chaque son, chaque changement de lumière dans le ciel diurne pour en garder une trace même minime au cas où l'avenir dans cet ailleurs fantasmé ne serait pas sombre et froid, se recueillir dans la nuit sous le regard triste de mère Lune pour étaler sa frayeur ici ou là, par ces mots ou par ces cris, seul rempart face à l'inéluctable : perdre tout ce qui faisait de moi cet être particuliers, ces goûts, ces connaissances et ces rêves à jamais sciemment tués contre toute forme de logique.


Ne craindre que la perte de lucidité, ne pas sombrer dans les limbes amnésiques et indolentes, juste pour conserver ma dernière arme, mon dernier pouvoir, juste pour continuer à remplir ces feuilles dans ce grand cahier, seule et unique richesse qu'il me reste.

Puis quand au bord du gouffre mon esprit vacillera, il faudra se décider à partir, sans un regard, un mot ou un souhait, juste avancer l'heure du départ pour qu'il reste de moi un seul souvenir où la laideur du parasite ne viendra pas à s'immiscer, que mon sourire soit mon testament comme pour mieux déclarer face à l'incompréhension et les larme que tout cela n'avait aucune importance et que dès à présent mon existence commence enfin...

Aucun commentaire: