lundi 3 mai 2010

Sous le masque




Avancer.....toujours avancer, ne plus rester là à attendre l'impact des coups.
Ne rien espérer des autres, ne rien partager ou donner, se refermer sur soi-même, s'enfermer dans une vaste étendue de liberté, possédant sa propre vérité, ma vérité.

Ne rien concéder, se munir de son armure de chair, s'envelopper du voile de l'indifférence et seulement accepter la présence de l'autre, tant qu'il ni a pas d'autre choix, mais ne jamais lui accorder la moindre chance de profaner les sépultures de mon cœur cimetière.


Devenir imperméable à toute critique, tout conseil ou regard inquisiteur.
Je suis là, debout face à l'adversité, sans le moindre trouble dans mes yeux, sans le moindre doute pour affaiblir mon esprit et le reste ne compte plus désormais.
S'enfoncer dans les erreurs, s'abrutir de fausses impressions, se perdre jusqu'à prendre la solitude pour seule compagne, mais ne jamais prêter le flanc aux regards croisés, aux moindre souffle haletant, juste redevenir soi-même après tant d'années de concessions, de faux-semblants et de soumission à la loi tyrannique de la normalité !


Mes poings assurent ma propre défense, dans un système judiciaire implacable, justifiant se goût de sang dans ma bouche.
Bras vengeur, réconciliateur, repoussant l'idée même d'une discussion, probablement stérile et inappropriée au désir profond de régler rapidement la moindre divergence, le moindre jugement hâtif ou pas, juste se sentir fort et craint pour ne rien laisser paraître, jamais, au risque de perdre toute crédibilité et apparaître tel que je suis vraiment.

Rester en mouvement permanent, ne plus s'apitoyer sur son triste sort et surtout ne plus espérer le moindre réconfort ou compréhension chez l'autre.
Accepter la facture présentée, trop élevée et presque indécente, pour ces erreurs passées et admettre que tout cela était, si ce n'est nécessaire, tout du moins inévitable, mais dont les responsabilités ne peuvent être partagées.
Je suis le seul coupable, peu importe le motif ou la raison invoquée, je suis le seul condamnable pour ces actes.


Des larmes et de la déception, de la trahison subie ou du mensonge omis, remplissant mes nuits présentes de regrets et autres remords mais m'appartenant à jamais, sans aucune prière, ni aucun Dieu à évoquer pour un quelconque rachat.

Juste payer pour ces nuits partagées, pour ces baisers volés et ces moments de faux-bonheur, inutile finalement mais apaisant parfois.
Payer aussi pour avoir choisi une toute autre voie, malgré moi, malgré mon éternel déséquilibre si bien dissimulé, trop bien dissimulé dans les ténèbres de la nuit amante.
Anormalité aux semelles de plomb , différence aux chaînes d'acier, tant d'attributs cachés sous mon masque de chair, sous mon sourire de clown, comme une maladie honteuse, sous ces bandages que j'ai maladroitement confectionné, la plaie reste béante, purulente, véritable infection, putréfaction des sens, s'étendant jusque dans mon regard.


Aucun médicament pour calmer cette douleur lancinante, rien pour éponger cette hémorragie interne, rien pour empêcher ces coups martelant mon esprit, seule la fuite peut m'apporter un sursis précaire, partir, loin du regard trop insistant et des poings vengeur des autres.

Se réfugier de l'autre côté de l'horizon, embarquer dans un frêle esquif en espérant que l'océan voudra me recueillir en son sein et regarder devant soi.


Essayer de s'abrutir l'esprit avec la mélodie des songes et conserver une place, aussi infime soit-elle, à celui que j'étais, avant les tourments et les rencontres de fortunes, me réconcilier avec ce petit enfant que parfois j'aperçois dans mon regard ou que j'entends rire au fond de moi, quand la nuit se fait douce et que l'orage gronde au loin.

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