mardi 7 septembre 2010

Mes trois Muses




J'ai attrapé la vie, par hasard, par erreur, je n'avais rien à y faire mais je me suis accroché, désespérément, passionnément.
Moi l'usurpateur, le voleur d'instants gâchés, le perfide imitateur, profitant d'un égarement ou d'une hésitation amante.

Je n'étais rien et je me voyais si grand dans le regards de ces trois déesses, de la passion à la déception, je suis le coupable.

La sentence était inévitable, la torture inestimable, brisant, flétrissant mon cœur jusqu'à en extraire sa chaire putréfiée.

Lentement, inexorablement, quand mon masque se fissurait, quand ma voix se morcelait et que mes yeux se détournaient
.
Le monstre qui se terrait en moi, apparaissait soudainement, déstabilisant, repoussant au loin ces trois prêtresses sensuelles
.
Leur fuite pour seul échappatoire, m'abandonnant dans ces froides ténèbres d'où je n'aurais jamais du sortir, moi l'enfant lunaire
.
Lâche aux rêves absurdes, prisonnier d'une geôle de chair, égoïste aux jugements faciles, n'apportant que ces éphémères illusions.


A l'aube naissante ma destinée retrouvera la raison, de cette vie qui n'était pas mienne, je devrais rendre des comptes.
Il ni avait rien à gagner dans ce no man's land glacial où jamais mon cœur ne put s'embraser au firmament malgré mes combats
.
L'envie et l'espoir pour seuls armes à brandir, pas d'or, ni d'encens, ni de myrrhe pour combler les trois magiciennes
.
Je n'étais que le mendiant, que le lépreux, s'avançant masqué d'un sourire ou d'un regard, d'un baiser ou d'une caresse
.
Charmeur aux gesticulations inutiles, acteur, fabulateur, qui le temps d'un sortilège ou d'un triste sort sauvait les apparences.

La mort, l'usure et la peur vinrent sauver les trois muses, démasquant le funambule aux pieds vacillants que j'étais.

Quand l'ombre de ma dernière victime disparue derrière l'horizon de sa déception, il était temps pour moi de me rendre.

Recroquevillé dans ce cachot solitaire, je pouvais maintenant partir, mourir une dernière fois quand l'aube reviendrait


J'ai remonté l'allée de mes amours mortes menant jusqu'à l'échafaud, au milieu de ses regrets aiguisant déjà leurs longs couteaux.
Ils étaient affamés, prêt à se repaître de mon âme, lacérant encore mon cœur cimetière où les trois muses sommeillaient à jamais.

Trois destinées, trois voyages au cœur de la déraison, quand l'amour flamboyant s'éteignait dans les larmes et les cendres
.
Le bourreaux aux trois visages une dernière fois ma sourit, comme autrefois, comme hier et lentement s'est penché sur moi.

De ses lèvres tant aimées et si vite asséchées, il m'a embrassé en me chuchotant une fois de plus, une fois de trop : désolé.

Rester là, le corps penché, un ultime soubresaut comme pour extirper l'âme avant le dernier saut, la dernière danse.

Fermer ses yeux et revoir les muses aux sourires incandescents et se laisser aller à rire une ultime fois jusqu'aux sanglots.

Quand le couperet tombera, que le silence enfin viendra bercer mon corps, ma dette s'effacera, les muses à jamais j'oublierai.

Aucun commentaire: