dimanche 5 décembre 2010

Funérailles enfantines



Il faut savoir garder sa place, conserver son rang et n'aspirer a rien d'autre.
Il ne peut en être autrement, pour la tranquillité de l'esprit, pour ne pas devoir rendre de comptes, apporter des justificatifs pour telles décisions ou autre interrogation.
Chair immobile dans un monde aveugle et trop souvent futile mais où chacun se doit de jouer son rôle, sans afficher la moindre différence ni aucune forme de défiance.
Peuple de l'aube aux aspirations absentes, mort-nés aux automatismes suffocants, traînant ces chaînes routines qui vous font courber l'échine, vivant sans savoir pourquoi.
Que reste-t-il de vos rêves d'enfant ?

Je ne vous déteste pas, je ne vous reproche pas vos choix de vie, j'ai moi-même mes propres tares, mes souffrances intimes et mes regrets blessants, je suis simplement différent.
Je peux vous avouer que tout simplement je veux pas vous ressembler, je ne saurais pas de toute façon, trop vite je me suis égaré, trop tôt je me suis brûlé et je n'ai jamais su quand il fallait s'arrêter.
J'ai essayé, je me suis prostitué, je me suis sali jusqu'à l'âme, mais ce n'était tout simplement plus moi, comme une forme d'inconscience, j'ai osé résister, c'est ce qui a du vous effrayer.
Pourtant je n'ai fait que vous ouvrir mon cœur, vous tendre un regard amical ou vous glisser un mot affectueux, comme un geste de tendresse, mais vous n'y avez vu que la faiblesse ou la folie.
Peut-être parce que je suis encore un enfant ?

Je n'étais pas votre ennemi et pourtant vous n'avez fait que me blesser, vous rire de moi, me repoussant vers les affres de la marginalité, le gouffre de l'incompréhension se creusant en moi.
Dans ma solitude craintivement je vous ai observé, puis j'ai décidé de vous affronter, je n'avais plus aucun autre choix quand déjà la corde se balançait au fond de mon esprit.
Je ne voulait pas en arriver là, j'aurais tant voulu pourvoir encore vous aimer et si seulement vous auriez pu avoir un peu d'affection pour moi, un peu de sincérité, un sursaut de lucidité.
Mais vous étiez déjà trop endormi, profondément enseveli sous la tombe de vos vies que consciencieusement vous creusiez aube après aube, aveugles au cœur sourd, dans l'indifférence je vous toise aujourd'hui...
 
Tristement j'ai assisté aux funérailles de cet enfant qui vivait en vous.

Aucun commentaire: