mardi 14 décembre 2010

Deux coeurs en hiver



Parfois la vie s'enfonce dans un hiver à l'horizon sombre et couvert.
Gelant les cœurs aux braises éteintes, gerçant les âmes aux songes délavés. 
Le temps semble s'étirer jusqu'à l'acceptation pour que la déception soit plus douce. 
Longue et froide saison qui rythmait ces jours, d'une aube à un crépuscule au vide douloureux. 
Fouiller dans les souvenirs, réécrire l'histoire pour rester blottit dans le mensonge rassurant. 
Être avec l'autre mais sans que le nous ne semble justifié, mais pour une nuit amante oublier tout cela. 
Caresses assassines, comblant l'instant présent, jouissances aux larmes de douleurs étouffées. 
Se dire simplement que peut-être demain les choses enfin viendront à s'arranger, à changer. 
Accepter de n'être plus que l'ombre de soi-même, être un autre au regard absent et fuyant. 
Se cacher dans la routine, cruel poison au goût de somnolence, anesthésie destructrice. 
S'arrimer un peu plus fermement à cet amour pesant et tourner le dos aux océans tumultueux. 
Finir par se perdre dans cette vie où à trop se travestir on fini par s'observer sans se reconnaître. 
Se dire que c'est cela la vérité, que le reste n'est pas accessible et s'en accommoder douloureusement. 
Modifier son corps pour ne plus affronter le regard inquisiteur du miroir, devenir invisible pour échapper au jugement. 

Puis un jour se réveiller, violemment, dangereusement et constater l'étendue des dégâts occasionnés. 
Départ vers une autre vie, de gré ou de force se retrouver égaré au milieu de la sordide solitude sans solution. 
S'orienter aveuglément vers ces néons éphémères des passions occasionnelles mais sans rien y trouver. 
S'apitoyer sur son sort ou s'enfoncer un peu plus dans un nouveau mensonge juste pour survivre encore un peu. 
Automne d'une vie au goût amer quand la putréfaction entame la pureté des sentiments encore congelés. 
Fuir cet hiver en oubliant qu'avant il y avait eu tous ces espoirs, ces rêves immaculés et apaisant. 
S'enivrer pour que le trouble brouille la vision et nous offre une nouvelle chance même imparfaite. 
Si parfois au milieu de la nuit solitaire, un courant d'air glacial vient nous rappeler ces instants d'hier,
Avec ses fantômes charmeurs, infiltrant nos pensées et nos idées, comme si l'hiver brutal était à nouveau là.
Résister aux méandres de la mémoire qui avec le temps parvient à emmêler les sensations et les images. 
Au risque de céder et de repartir vers le mornes plaines de cette saison aux givres cinglants et tranchants,
Juste parce que parfois ne pas être seul peut parvenir à calmer la brûlure de la folle liberté sans apporter sa joie.
Alors on rejoint la danse, de bras en bras, de lèvres en lèvres, simplement pour écrire une simple histoire,
Véritable palliatif même improbable à la grande Histoire que l'on n'écrira plus, malgré l'envie et le désir d'y croire. 

Au moment le plus improbable, quand certaines certitudes se font religions et que tout semble convenu.
Une nouvelle sensation fleuri au plus profond de l'âme, du corps réceptacle comme un lent dérèglement.
D'un regard, d'un mot, d'un parfum, une différence à peine perceptible attire l'attention, attise l'envie.
Comme un printemps qui semble s'arracher des lassitudes automnales ou des craquelures hivernales,
Une discrète mélodie construit son nid dans l'esprit étonné et intrigué par ce phénomène déréglant.
Précipitations de sensations excitantes et palpitantes, la rivière semble gonfler hors de son cours veineux,
Irriguant à outrance les songes éveillés, noyant jusqu'à l'étouffement la routine rassurante et enracinante.
Pulsions, battement, manque sonnent déjà le retour des hirondelles aux cœurs écarlates et enjoués,
Au risque de se briser les ailes sur les murs de la déception et de sentir la morsure de l'hiver revenir.
Mais dans cet air aux brises douces et folles, comme une évidence aux yeux du cœur encore palpitant,
Il y a là comme un sentiment de partage inespéré et de nouveaux songes à écrire ou jouer à quatre mains,
Malgré la présence encore si proche de ces fantômes et la trace de ces cicatrices à peine refermées,
La seule présence de l'autre qui embelli le regard et les sourires parvenant à changer l'atmosphère ambiant.
Préciosité de ces instants où le monde ne tient plus qu'à un baiser, comme une promesse à peine soufflée.

S'accrocher à la corde menant vers les lendemains azurs quand les cieux se font brillants et intenses.
Comme un premier été pour deux cœurs sortis d'un hiver trop long mais ayant acquis force et résistance.
Devenir le complément, être le supplément juste pour effeuiller les pages du grand livre de la vie,
L'histoire est déjà inscrite, patiemment chaque mot, ligne, paragraphe sera appris et cité tendrement,
Simplement pour déceler et aimer la beauté dans chaque regard, réapprendre à vivre enfin et encore.
Retrouver la confiance de soi, de l'autre, du nous, pour ne plus craindre ces traces dans la neige passée,
Se découvrir et s'enlacer à corps perdus comme pour mieux atteindre les monts éternels et verdoyants,
Pour que le désir charnel s'intensifie au contact des sentiments et enflamme la nuit au cœur des ténèbres,
Chassant les ectoplasmes belliqueux loin de cet horizon rougeoyant où l'histoire ne fait que commencer.
Maître temps a suspendu son envol, d'un mois, d'une vie, le sursis estival semble infini malgré sa fragilité.
Le chemin est encore long, d'un pas ou d'une enjambée, l'important est de rester main dans la main,
Pour ne plus se perdre, se diriger vers le soleil couchant avec ces étoiles dans nos yeux et nos têtes.
Et si au détours d'une hésitation ou d'une interrogation l'aube semble trop vite se rapprocher du songe,
Il y aura toujours l'un de nous pour attendre et réconforter l'autre, pour repartir le rire aux lèvres, l'âme en joie.

J <3 A.

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