mercredi 9 juin 2010

Sortir sous la pluie





Rester là, a regarder cette triste pluie qui tombe, sans aucune joie comme l'était la mienne autrefois en ces jours de grisaille.
Le front contre la vitre froide, si froide et ne plus rien ressentir, trop ressentir cette tragique certitude qui m'anéantit encore une fois, une fois de trop.

Le regard éperdument absent dans cette pluie me rappel combien jamais je n'ai vraiment existé, plume portée par ces vents douloureux, larme trop pressée de venir s'écraser sur le sol trop dur de ces endroits déjà oubliés, goutte d'eau précipitée par une simple illusion contre cette vitre insensible me séparant de tout.


Du bout des doigts j'ai effleuré une folie incandescente, un feu bien trop brûlant pour qu'un jour je puisse vraiment m'y réchauffer, braises insensibles à mon souffle, trop discret et trop peu sur de lui, pour espérer attiser sa passion, me laissant seul au matin levant, dans cette farandole de flammes, léchant mon visage sans pourtant jamais vraiment le remarquer.

Comme si loin de moi s'avançait un lourd destin qui à chaque seconde venait à se rapprocher, facteur sombre et néfaste, dont le seul courrier qu'il déposera sur mon oreiller, viendra définitivement m'anéantir, me replongeant dans cette solitude cruelle et bien trop fidèle, mais dont les caresse me sembleront trop insupportable pour les accepter.


Lever les yeux vers ces cieux tourmentés, dont la grisaille et la densité me font encore espérer apercevoir cette frêle silhouette, fragile ombre vacillante, écumant ma mémoire de saltimbanque pour se repaître de la moindre émotion, aussi futile soit-elle, et la brisant sur les terribles rochers de cette falaise, monticule de regrets et remords tranchants, au pied de mon bel océan où je sais que jamais plus je ne me rendrais, car en cet endroit la douleur serait trop forte, vague d'amertume lancinante qui me serait fatale.

Comme ce sable si fin que je regardais s'écouler entre mes doigts, trop maladroits et tremblants, laissant mes ultimes espoirs,mort-nés, même si la nuit il me semblait entendre leurs rires où leurs gémissement plaintif, s'évanouir, comme un simple rêve dont la sensation de réalité n'était qu'illusoire.


Détourner mon regard avec cette pudeur qui était mienne malgré les apparences trompeuses, recoudre une fois encore mon cœur de chiffon, où d'affreuses cicatrices grossières, n'oublient jamais de me rappeler que je connais trop bien ces moments, où la vérité se fait lumière, quand elle cesse de se dissimuler derrières ces mots, pourtant tant aimés et souvent miens, qui longtemps nourrissaient mon âme miroir dont une fissure à présent fend mon être en milles éclats, réfléchissant un vide immense où tout équilibre reste improbable, m'entraînant vers une chute sans fin, mais qui tôt ou tard s'achèvera sur le bitume puant et poussiéreux de ma vie, là où j'entends déjà le rire et les cris de certains, trop heureux de me voir finir ainsi.


Sortir au milieu de la ruelle déserte, se laisser envelopper par cette pluie autrefois amante, mais dont la froideur du contact a présent me fait frissonner, juste espérer qu'en fermant les yeux et en basculant ma tête en arrière, pour affronter avec le peu de courage qu'il me reste la tourmente, le visage offert à cette averse, elle lave mon être de toutes ces fautes, de toutes ces erreurs, comme une dure leçon éternellement récitée mais jamais apprise, trouver un réconfort dans les bras amicaux du vent pour juste espérer ne pas voir disparaître aussi simplement ces émotions, dont la violence et la douceur tant de fois m'ont donner le fol espoir, qu'ailleurs, il y a avait autre chose que cette vaine mascarade à laquelle je devait me prêter pour survivre au lendemain., mais sans jamais retirer mon masque de chair et de sang.

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