samedi 25 juillet 2009

Conquistador



Marcher, avancer, fuir le souffle court et les tempes douloureuses où résonne le martellement du tambour, pulsation gallérienne qui me tient en éveil. D'un regard de braise, d'une caresse de fer, d'un rire couleur désespoir, d'une larme glacée, mon âme se sustentait, se repaissait à l'agonie, à profusion, à l'indigestion.

M'abrutir encore de sons chaotiques, d'alcool au goût de déraison, d'averses automnales aux vents déchaînés pour m'échapper, m'enfuir, m'anéantir encore un peu plus loin. Course au trésor maudit, poursuite menant aux premiers cercles infernaux, affabulation de l'espoir dans le vieux grimoire aux îles perdues , mensonges, omission, oubli, amnésie salvatrice.

Prendre ces chemins de traverses où dansent ces cadavres encore tièdes, aux parfums d'amour et de passion consumée, quelque part dans ces paysages aux arbres décharnés portant en leur branche ces ultimes rêves envolés, au bord de ces rivières aux eaux sombres couleur noyade et dont les remous semblent être une possible issue.

Se rappeler de ces vitres de pluie ruisselante, seule prison d'où seul l'esprit s'évade pour mieux se briser aux vents mauvais, quand il gerce dans mon cœur, quand mes lèvres restent closes et mes yeux trop longtemps ouvert sur l'absurdité, mais dont la vivacité anime ma déchéance, sublime mon allégeance au Seigneur néant.

Prendre de la vitesse pour le dernier saut, bondir les bras tendus, se libérer du poids de la chair, s'envoler sous les cieux étoilés pour enfin décrocher l'immortalité, ne pas perdre de temps pour qu'aux premières lueurs de l'aube, l'astre de feux ne vienne brûler mes ailes de papier, aux taches d'encres et d'amertume.

S'alléger de toute moralité, l'espoir est déjà mort-né dans un souffle volute de tabac, il ne restera que de vieux fantômes décharnés pour témoigner quand le sablier rendra son verdict, quand ses derniers grains auront glissé entre mes doigts couleur de Chine, qu'il faudra planter une pierre de marbre ou de grès pour redéfinir les contours de ma vie.

Parcourir mon royaume au pas de charge, redéfinir ses frontières invisibles et ses contours couleur chair, s'ébattre, combattre, se débattre pour déformer, remodeler l'horizon flamboyant aux aurores boréales pourpres et enivrantes, pour une dernière fois se laisser charmer par le chant des sirènes, muses assassines qui, quand l'aube venue, s'en vont vers d'autres rivages incertains.

S'échouer sur ces récifs d'or, d'encens, de myrrhe et d'ébène, une nuit sans phare et sans amarres, sentir le sol cotonneux s'enfoncer sous mon corps et enfin poser un genoux à terre, planter l'étendard de ma fratrie marginale, loin de ces regards inquisiteurs et interrogateurs, conquistador égaré dans l'immensité stellaire de ma cellule sans issue aux rires parfum désespoir et au goût acidulé d'autrefois, sans échos.

Finir sa quête en terre d'amnésie, où dame folie en son sein me nourrira, d'une caresse dans mes cheveux chocolat, doucement apaisera mon angoisse, véritable dévoreuse d'âme, et d'une simple berceuse au silence réparateur, fermera mes yeux source, mettant fin au martellement du tambour, dictateur sanglant aux plaies jamais cicatrisées et brûlantes.

1 commentaire:

Farenheit a dit…

"Prendre de la vitesse pour le dernier saut, bondir les bras tendus, se libérer du poids de la chair, s'envoler sous les cieux étoilés pour enfin décrocher l'immortalité, ne pas perdre de temps pour qu'aux premières lueurs de l'aube, l'astre de feux ne vienne brûler mes ailes de papier, aux taches d'encres et d'amertume."
conquistador égaré dans l'immensité stellaire : que tes mots t'apaisent ou au moins te soulagent !!!!!!!!!!! ciaO